Bourges 2022 / Yann Galut : « Mon seul regret : avoir commencé aussi tard »

Il fut le plus jeune député de France en 1997. Il a été l’un des plus âgés à débuter le Karaté. Yann Galut, le maire de Bourges qui accueille les Championnats de France Seniors le week-end à venir (9-10 avril), a mis le Kimono pour la 1ère fois à 49 ans, pour accompagner son fils aîné.

Plus qu’une simple pratique sportive, le Karaté est devenu une véritable passion chez lui. Inutile de vous dire qu’il se délecte à l’idée d’accueillir les « France »…

 

Qui va se déplacer au Prado ce week-end, le maire ou le Karatéka ?

Cela va être les deux, dans la mesure où je vais avoir une partie officielle d’accueil en tant que maire, mais je vais aussi prendre du temps pour regarder la compétition. Je serai dans le public à me délecter de ce que je vais voir. J’ai déjà assisté à l’Open de Paris. Je trouve cela passionnant.

De plus, je connais pas mal de Karatékas qui vont combattre, que j’ai croisés à Paris quand j’étais parlementaire, à des stages ou à des compétitions, ou que je suis sur Facebook.

 

Quelle est votre histoire avec le Karaté ?

J’ai commencé à pratiquer il y a 7 ans. À l’époque, j’étais débordé de travail, je courrais partout. Je ne m’occupais pas assez de mon grand qui avait 13 ans. Il me l’a reproché. Je lui ai proposé de faire une activité ensemble, d’avoir notre moment à nous dans la semaine. Il m’a répondu qu’il souhaitait que l’on fasse du Karaté.

J’avais 48 ans. Je ne me voyais pas commencer le Karaté. Mais par hasard, un mois après, j’ai croisé un prof dans les rues de Bourges à qui j’ai raconté cela. Il m’a proposé de venir faire un cours d’essai. On y est allé avec mon fils. C’est devenu une vraie passion.

 

Pourquoi cela s’est-il transformé en passion ?

D’abord, j’aime la rigueur du Karaté. Par exemple, pratiquer le Kata vous fait travailler l’esprit et le corps. Il m’a fallu cette rigueur pour apprendre les Katas, travailler le mouvement, etc. Recommencer une activité intellectuelle pour laquelle je n’étais pas destiné, ce n’est pas évident. Pour un enfant oui mais pour moi, à 48 ans, qui n’avait pas la base… J’ai eu l’impression de retourner à l’école, dans le sens positif du terme.

Deuxièmement, j’aime beaucoup le code moral, j’aime beaucoup le fait qu’en Karaté, il n’y a pas de 1ère attaque. On commence par un blocage. J’ai aimé cette philosophie de maîtriser un art martial de combat pour justement ne pas combattre et tout mettre en œuvre pour ne pas avoir à porter de coup.

Troisièmement, j’aime aussi le côté combat parce que l’on se défoule. On arrive sur le tatami, on fait 1h-1h30 de combat et on est bien physiquement après. Toutes ces dimensions, collées les unes après les autres, me font aimer le Karaté.

Et, en plus, j’ai découvert des Senseï qui m’ont vraiment accompagné, qui m’ont fait grandir. A l’heure actuelle, mon Senseï est Patrick Bouchaïb, 7e Dan. Il a une connaissance extraordinaire de cet art martial. C’est là qu’on voit les progrès à effectuer, jusqu’où on peut aller.

Mon seul regret, c’est d’avoir commencé aussi tard. Vos apprenez tout le temps avec le Karaté. Il n’y a pas un cours où vous n’avez pas quelque chose que vous retravaillez, que vous affinez, que vous apprenez en plus. Ca, c’est passionnant !

 

Trouvez-vous encore du temps pour pratiquer ?

Je m’astreins à faire un entrainement par semaine a minima et, de temps en temps, j’arrive à faire des stages le week-end. Par exemple, j’ai suivi celui des hauts gradés de mon département le mois dernier.

Je bloque le vendredi soir pour ma pratique. Cela reste un vrai plaisir. Cela permet de garder une activité physique et de continuer à progresser. J’en fais moins qu’avant mais je tiens à continuer ma pratique.

Jusqu’à ce que je sois maire de Bourges, je faisais 3 entraînements par semaine plus des stages le week-end. J’ai aussi organisé mes vacances pour assister à ceux des sœurs Buil.

Je multipliais les stages. C’est quelque chose que j’ai partagé avec mes enfants puisque les trois sont aussi karatéka, même si le plus grand est parti sur le MMA. Mais les deux petits font toujours du Karaté, ainsi que du JJB.

 

Votre souvenir marquant de pratiquant ?

Le passage de ma ceinture noire ! J’étais 10 fois plus malade que quand j’ai passé le baccalauréat. Cela a été une épreuve. Mais ce n’était que du plaisir. Pour moi, c’était quelque chose d’important. J’ai travaillé pour, comme si je passais le bac.

Quand je l’ai eue, j’étais très, très heureux, même si j’ai conscience que ce n’est que le début du chemin. Ce n’est pas parce que vous êtes ceinture noire que vous êtes arrivé, bien au contraire. C’est là que vous commencez à rentrer dans les choses sérieuses.

Je m’y suis vraiment consacré, même avec mon âge, même si j’étais député, même si je préparais les élections municipales à ce moment-là.

 

Un conseil aux gens qui hésitent à franchir le pas ?

Je leur dirai ce que m’a dit mon professeur : « il n’y a pas d’âge pour commencer le Karaté ». C’est un art martial qui est autant physique qu’intellectuel. Cela permet vraiment de s’évader, de progresser, intellectuellement et physiquement. On travaille toutes les chaînes musculaires.

Et si vous avez un bon professeur, c’est très accessible. Après, il faut aussi aller à son rythme. Mais il y a une bienveillance à l’égard des nouveaux qui est à souligner. Et cela change la vie.

 

Le Karaté ne sera pas présent aux JO 2024. Votre sentiment ?

C’est un profond regret. J’ai signé, comme d’autres, des pétitions. On a un champion olympique, Steven Da Costa, qui a été extraordinaire, on fait des médailles dans tous les championnats du monde, on a des jeunes qui sont inscrits. En plus, à regarder, le Karaté est quelque chose d’entraînant. Je trouve cela injuste. Je ne peux que regretter cette décision. Je suis d’autant plus content de faire découvrir le Karaté à l’occasion de ces Championnats de France.