Témoignage – Marie-Françoise (5è Dan) : « le karaté m’apporte une certaine philosophie de vie ! »

Marie-Françoise Dupont pratique le karaté depuis l’âge de 28 ans et est désormais 5ème dan de karaté et ceinture marron de Kobudo. Elle nous raconte son parcours de karatéka à travers ce témoignage riche d’enseignements.

« Je m’appelle Marie-Françoise, j’ai 72ans et pratique le karaté depuis l’âge de 28 ans, avec des hauts et des bas ! J’ai débuté cette pratique sur Paris dans le XIVème arrondissement au club de M. De Peretti. A l’époque mes études étaient terminées, j’étais médecin pédiatre en médecine sociale avec un peu de temps libre. L’envie de faire du karaté m’était venue en écoutant une de mes soeurs qui s’était inscrite depuis une année : donc un peu d’exercice après pas mal d’études !

Mon début a été difficile … je ne comprenais pas quel déplacement, quel bras, quel mouvement… une grande confusion temporo-spatiale…( il m’en reste quelque chose !). Mes partenaires et mon professeur ont eu une grande patience … et je me suis entêtée. Je n’ai jamais rêvé de compétition mais j’ai toujours aimé la technique et son perfectionnement. L’ambiance au club était bonne, gérée par M. de Peretti qui savait freiner et calmer ses élèves emportés et stimuler les autres… j’ai souvent été le seul élément féminin, mes partenaires savaient s’adapter malgré leur combativité. J’ai réussi mon passage de ceinture noire 1er dan au 2ème essai et la vie m’a emmenée en Afrique (mon mari y enseignait à l’époque). J’ai essayé de poursuivre un entrainement tout en travaillant comme médecin : 30 km pour trouver un dojo, je n’y allais qu’une fois par semaine et ai cessé quand j’ai attendu mon premier enfant en 1983. Mon époux a échangé la Côte d’Ivoire pour le Niger et j’ai retrouvé un club de karaté (mais pas du Shotokan) dont le professeur a disparu un jour…ce qui m’a amenée à m’inscrire au jiu-jitsu. J’ai continué à m’entrainer en pointillés : toujours 1er dan, mais 2 puis 3 enfants…

Nous sommes rentrés en France et j’ai repris les cours autant que possible car nous avons beaucoup déménagé : un très bref séjour dans l’Eure, puis direction l’Indre-et-Loire, et peu de temps après le Nord avec une interruption pour une 4ème grossesse et ensuite direction Hazebrouck… j’ai arrêté mon activité professionnelle (pour l’exercer sur mes enfants !) et ai suivi mon époux dans son parcours mouvementé… Il faut souligner que mon époux m’a toujours encouragée à pratiquer et m’a aidée en gardant les enfants le plus possible lors des entrainements et même des stages.

Nous avons atterri dans le Finistère à Morlaix en 1995 et y avons pris racine. Je me suis d’abord inscrite chez Pierre Lattès : le club était sympathique avec un petit noyau de filles dont certaines bonnes combattantes. Je me suis décidée à passer le 2ème dan que j’ai obtenu en 2000 après une préparation sérieuse à Lorient chez Gérald Dumont qui ouvrait son club le samedi pour former les futurs candidats… avec cette idée que nous n’avons surement pas tous les mêmes dons au départ mais que le travail régulier permet quoiqu’il en soit de monter son niveau, plus ou moins vite, mais certainement…

J’ai suivi la formation du diplôme d’instructeur fédéral en 2003 à Kervignac mais je n’ai jamais vraiment utilisé ce diplôme sauf pour des cours enfants, je n’avais pas assez de ressort ni de temps pour créer mon club. J’ai changé de club encore une fois et me suis inscrite chez Denis Le Meur à Saint-Martin-des-Champs en 2004. Là, malgré quelques ennuis de santé, j’ai progressé lentement mais surement grâce à Denis, excellent professeur qui a réussi à me sortir quelque peu de ma psychorigidité et à renouveler mon enthousiasme, et grâce à Gérald Dumont chez qui je m’entrainais pour du perfectionnement technique. Je n’oublierai pas non plus Gérard Moreau qui m’ouvre son super club en Limousin à chacun de mes séjours.

J’ai obtenu mon 3ème dan en 2007 et mon 4ème dan en 2013. Je n’ai jamais été spécialement douée, mais passablement entêtée, quoique non bretonne ! J’ai passé mon 5ème dan en mai dernier (2021) et continuerai à m’entrainer tant que possible.

Arriver à concilier la vie professionnelle, la vie de famille (époux, enfants, petits-enfants) et les problèmes annexes avec l’entrainement n’est pas toujours une évidence… Le karaté me procure un véritable défoulement et la possibilité d’oublier momentanément les soucis du quotidien pour exercer ce qui est pour moi un art martial toujours perfectible. Je suis toujours étonnée et admirative devant les possibilités de mes partenaires, surprenants parfois et toujours intéressants. On ne progresse pas seul au karaté, le progrès de chaque individu se répercute sur le groupe.

Dans notre club, nous avons cette chance d’avoir un vrai professeur (7ème dan depuis janvier) qui est en recherche permanente, favorisant souplesse, relâchement, déplacement et ouvrant de nombreuses pistes de travail, chemins offerts mais non imposés. Cette année, nous avons 59 inscrits dont 41% d’adultes, 52% d’enfants et 7% d’adolescents, et sur le total, 1/3 d’éléments féminins qui participent très régulièrement.

Le karaté m’a apporté et m’apporte toujours une certaine philosophie dans la vie : admettre les lacunes des autres et voir les siennes propres, chercher à s’améliorer et à progresser, faire confiance au travail régulier, ne pas baisser les bras (ni la garde !), prendre confiance en soi et prendre plaisir dans l’échange avec l’autre qui n’est plus vu comme un adversaire mais comme un partenaire.

Merci à mes professeurs qui ont su me communiquer leur passion et à mon époux qui n’a jamais cessé de m’encourager. »