Abdou Sagna mène de front ses activités au sein de son club à Rouen et accentue sa présence sur les écrans.
Educateur et cascadeur : le Rouennais Abdou Sagna sera dans «OSS 117» et «James Bond»
Le Rouennais multiplie les tournages prestigieux mais aussi ses actions auprès des jeunes dans les quartiers difficiles de la métropole normande. Portrait d’un méchant magnifique.
Le gaillard est solide. Comme ses ancêtres de l’ethnie Diolas au Sénégal, Abdou Sagna est grand et musclé. C’est aussi un spécialiste des arts martiaux. Directeur technique et éducateur à l’association Huang-Di (Empereur Jaune), une école où sont enseignés près de vingt sports de combat différents, il intervient auprès des jeunes en difficulté dans les quartiers prioritaires Politique de la Ville (QPV) autour de Rouen (Seine-Maritime). Mais dans une autre vie, il arpente les tournages des séries ou de films comme cascadeur. Si la situation sanitaire le permet, le public pourra le voir dans le prochain OSS 117 avec Jean Dujardin (sortie repoussée en août) et le futur James Bond avec Daniel Craig (sortie repoussée en novembre).
C’est sous le regard d’un père champion de lutte sénégalaise et de boxe française et avec une passion pour Bruce Lee que le petit Abdou se lance dans les arts martiaux. Membre de l’équipe de France pendant dix ans, il décrochera de très nombreux titres dans le monde entier. C’est pendant une compétition qu’une amie le met en relation avec les cascadeurs du film Hitman de Xavier Gens. Il deviendra pour sa première expérience un des célèbres tueurs. Nous sommes en 2007.
« En cascade, les Français sont les meilleurs »
« J’ai toujours voulu faire du cinéma comme Jackie Chan. Depuis quinze ans, j’ai travaillé avec les meilleurs régleurs du monde. Le cascadeur est important dans un film, car il apporte de la crédibilité aux scènes d’actions. On les répète des dizaines de fois pour être juste. C’est pour cela que les Français sont considérés comme les meilleurs. Mais, c’est un métier dangereux. Il faut rester concentré et en forme. Mais, je m’éclate là-dedans! »
D’ailleurs, si la Covid-19 ne s’était pas invitée à l’affiche, les amateurs des salles obscures auraient déjà vu les deux dernières prestations du Rouennais : « En 2019, j’ai tourné dans une prison avec Jean Dujardin dans OSS 117, Alerte Rouge et aussi dans Mourir peut attendre, avec Denis Craig, pour une scène cubaine filmée en Angleterre. Mais, depuis, on attend les sorties. C’est compliqué », affirme celui qui attend désormais la signature d’un projet « top secret ».
« Les jeunes peuvent me joindre n’importe quand »
Même s’il ne cache pas son engouement pour le cinéma, à 45 ans, Abdou Sagna n’oublie pas d’où il vient. Avec Huang-Di et en partenariat avec la ville de Rouen, la préfecture de Seine-Maritime et la CAF, il intervient dans les quartiers QPV Grammont, des Hauts-de-Rouen et Canteleu : « Avec mon équipe et grâce aux sports, nous menons des actions auprès des jeunes les plus démunis sur la discrimination, l’insécurité, la radicalisation, la violence faite aux femmes, la gestion de conflits et le décrochage scolaire. Je forme aussi de futurs éducateurs. Je suis là pour apporter mon aide et mon expérience ».
Avec son ami, le réalisateur Rouennais Clément Carle, qu’il a connu sur le tournage de la web série La Raido, Abdou produit aussi des courts-métrages pour répondre à la demande des adolescents et jeunes adultes. « De toute façon, dit-il, ces jeunes ont mon numéro de téléphone et ils peuvent me joindre n’importe quand pour avoir des conseils. Il y a du potentiel partout. »