FFKDA – PASSAGE DE GRADES en Club ou Département (CDK)

Ce début d’année est marqué par une décision importante et spectaculaire que vous avez annoncée lors des séminaires de rentrée il y a quelques jours : la possibilité laissée aux clubs d’organiser le passage de grade du premier dan !
Ce n’est pas une obligation. Si les professeurs préfèrent continuer à envoyer leurs élèves à l’extérieur pour cet examen de passage, ils peuvent toujours le faire. Mais, effectivement, nous offrons aux clubs la possibilité d’organiser le passage de la ceinture noire en interne. Le département se charge ensuite du passage du 2e, 3e, désormais du 4e dan et, c’est nouveau aussi, de l’examen du DIF, le diplôme d’Instructeur Fédéral. Il faudra aller en région pour le cinquième dan et au niveau national pour les hauts grades. Pourquoi ? Parce que nous faisons le constat que des années difficiles sont devant nous, sur le plan économique, peut-être énergétique, et qu’il est absurde de demander aux clubs et aux familles de faire plus de trois cents kilomètres pour des animations. Nous devons penser « service » plutôt que « contrainte ». Les grandes régions, c’est sans doute très bien, mais pour le pratiquant, nous proposons plutôt le retour au local. L’idée étant que chaque pratiquant se déplace moins, ce qui demandera sans doute aux experts et aux cadres fédéraux de se déplacer un peu plus, mais c’est leur mission.
« Le symbole, je le rends au professeur, et je sais qu’il est entre de bonnes mains. »
C’est une révolution. Ne craignez-vous aucun effet pervers ? La perte de qualité ou d’exigence par exemple ?
En toute sincérité, je fais entièrement confiance aux clubs pour assumer cette responsabilité au mieux. Pour les grades plus élevés, il faudra encore montrer ce que l’on vaut à des tiers. Mais il me semble que, pour la ceinture noire, personne ne sait mieux que le club qui mérite l’examen ou non. Même au niveau du département, c’est compliqué, par exemple pour un pratiquant extrêmement méritant, qui participe pleinement à la vie associative et s’engage passionnément dans la pratique, mais moins apte que d’autres, quelles que soient les raisons, de présenter un examen devant un jury qui ne le connaît pas. Nous ne sommes pas tous égaux physiquement. Pour moi, c’est une façon de valoriser les clubs, les professeurs, dans leur rôle essentiel de formateur, et de leur faire confiance à ce niveau. Peuvent-ils ne pas être à la hauteur de cette responsabilité ? Je ne le crois pas une seconde, au contraire. Ils seront plus justes, plus pertinents que ce que nous parvenons à atteindre dans le système actuel. C’est au sein du club, et uniquement là, que l’on sait où en est chacun de sa progression technique, mais aussi spirituelle. Par ailleurs, il faudra trois deuxième dan pour composer officiellement un jury de passage de grade de ceinture noire. Soit, le professeur et deux autres membres du club, où, si ce n’est pas possible, d’un autre club, ce qui ne peut qu’encourager aux échanges et à la fraternité. Un club de moins de cent licenciés pourra organiser deux passages par an, à plus de cent licenciés, on pourra en organiser trois. Ce n’est pas fondamentalement différent de la responsabilité que le club prend pour les passages des ceintures de couleurs, qui pourront d’ailleurs être organisés en même temps. Nulle part c’est « l’école des fans ». Il y a, dans nos clubs, une culture de l’élévation collective et du soutien individuel, de l’entraide et de la valorisation de chacun, qui donne le cadre nécessaire dont nous avons besoin.
Ne craignez-vous pas tout de même une perte de contrôle par la fédération du symbole même de la ceinture noire ? De sa signification ?
Mais ce n’est pas une monarchie ! Comment se fonde une fédération comme la nôtre à ses origines et à travers le temps ? Par ses clubs. On ne dit pas : « je vais à la FFKaraté », mais « je vais au club ». Je ne fais que proposer de renforcer encore la vie sociale extraordinaire du club. Le symbole, je le rends au professeur, et je sais qu’il est entre de bonnes mains. D’ailleurs dans beaucoup de sports, la responsabilité « morale » autour de l’examen appartient au club. En équitation, les « galops » sont organisés au sein du club avec de simples superviseurs qui viennent vérifier l’installation, notamment les hauteurs. Dans d’autres, c’est même au pratiquant que l’on donne cette responsabilité. Au golf, on s’arbitre soi-même ! Et cela ne vient à l’esprit de personne de tricher. On respecte scrupuleusement ces règles, car nous sommes, de tous, ceux que nous pouvons le moins tromper.
Bien sûr, on perd peut-être un peu de la dimension du stress formateur du passage de grade à l’ancienne… mais tout dépend de la dramaturgie que l’équipe enseignante et le jury sauront y mettre. Ce n’est pas dit que ce soit moins stressant. Ce sera même sans doute l’inverse !