Quel niveau de pratique est censé correspondre à chacun des grades ?
Explications de notre Président de la Fédération Française de Karaté, Francis DIDIER, destinées à faire comprendre aux pratiquants, quel niveau de pratique est censé correspondre à chacun des grades :
« Voici mon interprétation des différentes étapes, dictée par mon expérience. J’engage chacun à approfondir son point de vue personnel ».
LE 1er DAN, celui de la ceinture noire, est celui où l’on met de la technique sur le naturel. En quelque sorte, on salit l’instinct premier, on le tue. Vous avez atteint un niveau, celui du noir, symbole d’une valeur technique, mais aussi de la perte de l’instinct qu’on retrouve plus tard.
LE 2 eme DAN introduit la dualité. C’est l’apprentissage du double et du doute. L’autre en nous-même nous tend un miroir qui nous permet de mieux nous connaître et de mieux nous affronter nous-même. C’est le combat pour la maîtrise du corps.
LE 3 eme DAN est un grade important car c’est celui qui symbolise l’union des trois principes : le corps, la technique et l’esprit au-dessus, qui domine. A cette étape, l’esprit maîtrise le corps et la technique, ce que formulent les Japonais par l’expression « Shin-Gi-Tai » « L’Esprit, la Technique et le Corps ensemble ».
LE 4 eme DAN symbolise la maîtrise de la matière. C’est un niveau où le pratiquant doit avoir acquis le contrôle de ses émotions « viscérales ». La peur frappe au ventre et empoisonne l’esprit. Par exemple, si on vous jette une pierre, il y a de fortes chances que vous la preniez, car la peur va paralyser votre réaction. Si c’est une balle molle, vous saurez en revanche facilement l’esquiver. Ces émotions qui s’expriment par des crispations, le « ventre noué », doivent être maîtrisées. A ce grade, ces émotions-là ne doivent plus troubler votre esprit, qui commande les gestes.
LE 5 eme DAN indique la maîtrise parfaite de son art. C’est le temps de l’ouverture et des échanges pour confronter et comparer. C’est à ce niveau que l’on recommande en karaté d’aller voir les autres écoles.
LE 6 eme DAN est une étape essentielle car c’est l’accomplissement du parcours volontaire. Tout ce qui pouvait être fait a été accompli sur le plan du travail technique. On entre dans le véritable travail de l’esprit.
AU 7 eme DAN, on bascule vers autre chose. Le travail de la maîtrise a été fait. Le mental, plus lent à arriver à maturité, continue de grandir. Le pratiquant accompli ne se tourne pas vers son passé glorieux, mais contemple ce qu’il y a encore devant lui.
LE 8 eme DAN est une lisière, celui qui sépare les deux mondes, celui du visible et de l’invisible qui, pour les Japonais, sont intimement liés. A ce grade, le maître se tient sur la ligne entrelacée des deux mondes.
AU 9 eme DAN, le cercle du visible commence à s’effacer. L’esprit du pratiquant est orienté vers le monde de l’invisible et laisse derrière lui les limites du matériel.
AU 10 eme DAN, seul l’esprit reste. C’est un cercle, un point parfait, comme celui que les samouraïs dessinaient avant la bataille pour indiquer qu’ils étaient dégagés de leur vie et de ses contingences. Un dépouillement, un détachement complet, qui n’est plus troublé par rien. C’est le retour à l’origine, au point de départ, à la pureté, à la modestie du blanc, symbole de renaissance, de renouveau. La boucle est bouclée, le voyage est terminé. »