Bertrand Kron : “L’angle biomécanique est important pour durer dans la pratique”

Avec Serge Cal (7è Dan) et Gilles Richard (7è Dan), Bertrand Kron sera en stage le samedi 25 septembre avec la Ligue Régionale de Bretagne de Karaté. Pratiquant de Kyokushinkai et de formation médicale, Bertrand Kron nous parle de cette passion pour une discipline qu’il a découvert au hasard d’une rencontre en Espagne et pour laquelle il a développé une approche biomécanique, pouvant s’adapter à tous les styles de karaté. 

Témoignage

Un départ en Espagne et une découverte 

En mai 68, nous sommes en pleine révolution estudiantine en France et mes parents jugent bon de m’éloigner de Paris car je suis un adolescent un peu agité. Mon frère vit en Espagne donc nous partons nous installer près de Barcelone. Je me souviens que depuis la fenêtre de notre maison au bord de la plage, je vois une personne qui fait des mouvements en « pyjama blanc » (rires). Un jour je vais discuter avec lui et il me dit qu’il pratique une discipline appelée le karaté. A l’époque, cette pratique est peu connue en Europe. Pendant 4 années, il me donne des cours de façon amicale, sans que je ne sache de quel style il s’agit, mais le hasard a fait que c’était déjà du kykushin.

bernard-kronQuand je rentre en France pour suivre mes études de médecine. Je reviens à Paris et comme le karaté me plait, je cherche un club à proximité de mon domicile. Je tombe sur l’un des seuls clubs de kyokushin en France, une chance. Je m’entraine près de 20 heures par semaine, sur 4 ou 5 séances. C’est une discipline qui me plait énormément. En quittant la capitale, après mes études de médecine, je m’installe en Normandie, à côté de Dreux. Après pas mal de recherches, je trouve une structure qui enseigne mon style de prédilection. Malheureusement, ça ne passe pas avec le professeur et un an plus tard j’ouvre mon propre club à 15 kilomètres de là. En quelques années, nous montons à 200 pratiquants. On parvient même à remporter des titres dans les compétitions nationales de la FFK … tout fonctionne bien. Après de nouvelles péripéties, je quitte ce club et j’en fonde un nouveau où nous accueillons chaque année une petite centaine d’inscrits. A côté de cela, je commence à avoir des fonctions à l’international, avec des stages, des compétitions … 

Le kyokushin comme exutoire 

J’étais un enfant très peureux. Je n’osais pas prendre la parole, j’avais peur que l’on m’embête à l’école et le kyokushin m’a permis de prendre une vraie confiance en moi. Ce qui me plait dans le Kyokushin ? Nous sommes  dans la réalité. C’est un art martial complet avec Kata, Kihon, etc … mais les combats se déroulent à frappe réelle et le but est de mettre le partenaire hors d’état de continuer le combat, avec des règles qui sont là pour protéger l’intégrité physique et psychique du combattant. Il y a très peu de KO finalement contrairement à ce que l’on peut penser mais on peut arriver à des KO techniques. Il y a des règles qui font que c’est un style très efficace et c’est ce qui m’a toujours plu sur ces 5 décennies de pratique. 

La biomécanique, une approche essentielle des mouvements 

Il y a 50 ans, quand je débute le karaté, les cours viennent du Japon et c’est très dur. Des élèves tombent dans les pommes à chaque cours, on se bousille le dos … c’est très rugueux car nous sommes dans un manque de connaissance. En parallèle de ce qui est pour moi une passion, je mène des études de médecine. Je m’aperçois qu’on nous fait faire des exercices qui risque de nous poser problème quelques années plus tard ! Cette prise de conscience est le premier déclic. Le second se passe au niveau des katas. On fait des enchainements dans les katas supérieurs qui sont extrêmement complexes. Mais souvent, la personne qui nous enseigne ces enchainements est incapable d’expliquer à quoi cela sert alors que c’est primordial pour moi de comprendre pour bien travailler.

32359640_642325252766443_7083837093419417600_nPendant 30 années, je fais des recherches sur les bunkais, au niveau de tous les enchainements, dans tous les katas en kyokunshin … et il y en a plus d’une trentaine. Quand on ne trouve pas la réponse à un enchaînement complexe, c’est tout simplement car on ne recherche pas au niveau de la biomécanique. Quand on réfléchit en ayant une approche bio-mécanique, on trouve une explication rationnelle et simple sans rien changer à l’essence du kata. J’ai fait trente ans de recherche personnelle, pas dans le sens universitaire mais en travaillant avec mes assistants, en cherchant des applications … et comme je donne des stages dans plusieurs pays depuis quelques années maintenant, je me suis aperçu qu’à chaque fois que j’aborde cet aspect bio-mécanique du mouvement, l’approche intéresse beaucoup aussi bien les élèves que les enseignants tous styles confondus. Je viens d’ailleurs d’écrire un livre de bio-mécanique des arts martiaux. 

A propos du stage Jissen Karaté du 25 septembre

Qu’est ce que les stagiaires vont travailler avec vous sur ce stage ?

Dans le kyokushin, on peut travailler sur plusieurs aspects : le combat, la technique, les katas …  A force de donner des stages, je remarque que les karatékas apprécient l’angle biomécanique de mon approche. Généralement, il y a des choses que les gens ignorent sur le placement des articulations, des muscles … Ainsi, j’aime pouvoir poser des questions, avoir un échange et être ouvert à ce que les stagiaires souhaitent que l’on aborde.

Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai demandé : « Etes-vous capable de faire un coup de pied au niveau de la tête ? ». Souvent, plus de la moitié des participants répond par la négative. Une demi-heure plus tard, lorsque l’on a travaillé un peu, les deux tiers qui s’étaient manifestés y arrivent. Dans ce cas ce n’est pas la souplesse qui leur manque car nous avons tous la souplesse nécessaire à cela. Le problème réside souvent au niveau de la hanche, du placement du pied ou du genou qui bloque le mouvement. L’idée de mon intervention va vraiment être de travailler sur les aspects souhaités par le plus grand nombre. 

Un petit mot pour les pratiquant(e)s breton(ne)s … 

Je vous invite, peu importe votre discipline, votre style ou votre niveau à venir sur ce stage. Avec Serge et Gilles, tout en étant en accord avec Yann Charles, nous allons vous proposer un stage avec des contenus complémentaires … et surtout venez avec le sourire pour que l’on passe un bon moment tous ensemble ! 

LES INFORMATIONS SUR LE STAGE

  • Samedi 25 septembre 2021 (Attention nouvelle date)
  • De 9H00 à 17h00
  • Dojo Vern Sur Seiche – 13 Boulevard Laënnec – 35771
  • Pré inscription par mail : di*****************@li*****************.fr
  • Informations au 06 08 94 89 13
  • Tarif : 20 euros (paiement sur place)
  • Ouvert à tous les licenciés FFK (saison 2021/2022)