Philippe Dherbécourt – « Un nouveau chapitre dans mon engagement »

Un mois après son élection au poste de secrétaire général de la fédération, faites plus ample connaissance avec Philippe Dherbécourt, président de l’ancienne zone interdépartementale de Picardie de karaté et pratiquant convaincu depuis près de cinquante ans.

L’appel du karaté

« J’ai commencé par le judo, que je pratiquais dans un club à Abbeville. J’étais donc déjà dans le monde des arts martiaux. Une année, en fin de saison, mon club a organisé une démonstration de karaté. J’avais dix-sept ans, nous étions en pleine époque Bruce Lee et donc, par curiosité, je m’y suis rendu. J’y ai fait la connaissance de Michel Muller. Une rencontre décisive pour moi. Rapidement, j’ai trouvé dans le karaté ce qui me manquait au judo. En tant que judoka, j’avais du mal à faire de bons résultats dans ma catégorie. Alors qu’en karaté, j’ai eu rapidement de petits succès en championnats départementaux. Physiquement, le karaté me correspondait plus et, après plusieurs années à continuer les deux pratiques, il a pris de plus en plus de place, avant que je finisse par m’y consacrer pleinement. »

À la tête d’un club à vingt ans

« Devenu ceinture noire à vingt ans, Michel Muller me propose d’ouvrir un club. Tout change pour moi à ce moment-là. À partir du moment où j’ai commencé à enseigner, j’ai essayé de participer à de nombreux stages, afin d’en connaître davantage sur ma discipline pour en être un bon professeur. C’est donc vraiment l’enseignement qui m’a pleinement ouvert les yeux sur le milieu du karaté, et sur le fait que je voulais y persévérer. Ce club, je l’ai ouvert à Amiens. Il y en avait déjà quelques-uns dans la ville, mais très peu, c’était le tout début. Je suis resté fidèle à l’enseignement wado-ryu de Michel Muller, car c’était un style qui me convenait très bien, qui me parlait en termes de jiu-jitsu, d’esquives, de mobilité. »

Kiné et professeur, même combat

« Pour rester dans le domaine du sport, j’ai poursuivi des études de kinésithérapie après avoir été sapeur-pompier. À côté, je faisais un peu de natation, de tennis, mais les arts martiaux ont toujours été mon leitmotiv. J’ai donc fait cohabiter mon métier de kiné avec l’enseignement du karaté, et c’est encore plus le cas aujourd’hui. Car au fur et à mesure des années, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup d’interconnexions entre les deux domaines. En kinésithérapie, j’ai par exemple souvent utilisé des techniques de karaté pour tout ce qui était rééducation articulaire, remise en route, reprogrammation d’une épaule après une blessure, après une intervention. Ça aide aussi pour retrouver un centre de gravité adéquat. Dans l’autre sens, le fait de faire de la rééducation m’a beaucoup appris au niveau des clés, au niveau des mouvements. Ça m’a apporté un petit plus dans ma pratique du karaté. »

Montée en responsabilité

« Compétiteur en combat comme en kata, c’est presque naturellement que je me suis dirigé vers l’arbitrage. J’ai été juge national kata, rôle qui m’a amené à avoir des fonctions de responsable d’arbitrage dans mon département, puis dans ma ligue de Picardie. C’est à cette période que Marcel Mottet, président de ligue à l’époque, m’a remarqué. Il m’a proposé la direction de l’école des cadres, poste que j’ai occupé pendant plus de cinq ans. J’ai ensuite été nommé responsable des grades, après l’obtention de mon troisième dan. Faute de hauts-gradés locaux, c’était la première fois qu’un Picard occupait cette fonction en Picardie. L’ancien président a alors donné sa démission en cours de mandat, et j’étais là au bon moment et au bon endroit pour lui succéder. C’était il y a dix-huit ans et, encore aujourd’hui, je suis vice président de la ligue Hauts-de-France. »

Sous le signe de l’ouverture

« Jusqu’ici, j’ai toujours évolué dans les organes déconcentrés, hormis dans le conseil d’administration de la fédération. Je connais donc parfaitement les problématiques auxquelles sont confrontés les clubs, les départements, les ligues. J’arrive avec du vécu, une vision de ce qui se passe sur le terrain, avec la notion de club aussi. Dans le mien, j’ai toujours voulu insuffler un esprit d’ouverture à l’autre, en promouvant la pratique de tous les styles. J’ai eu l’occasion de faire des stages, des master class de karaté mix, de wushu, de krav-maga, de yoseikan budo, de kali eskrima et c’est important pour moi. Le fait que la fédération soit multidisciplinaire est une grande richesse. Je souhaite cultiver cela en tant que secrétaire général, mais aussi insuffler toujours plus de proximité. Il faut rapprocher les clubs de la fédération, mais aussi la fédération des clubs.

Un modèle à suivre

L’image que j’ai du secrétaire général, c’est Alcino Alves Pires. Un véritable modèle qui a effectué un travail extraordinaire, avec une capacité impressionnante à unifier toutes les populations du karaté. C’est ce genre de secrétaire général que je veux être. Pour réaliser toutes ces missions qui seront les miennes, je mesure la chance que j’ai d’être entouré d’une superbe équipe, riche d’une expertise très importante, dans laquelle je me sens bien. Tout cela m’excite beaucoup, c’est un nouveau chapitre dans mon engagement au service du karaté. Cette nouvelle fonction me transporte dans une nouvelle dimension, tout en gardant les pieds bien ancrés dans ce qui est au cœur de notre fédération, à savoir les clubs. J’ai par exemple hâte d’être au séminaire de rentrée des présidents de comités et de ligues, pour aller à la rencontre de chacun, d’écouter, d’échanger, de confronter les points de vue pour mieux connaître les attentes des uns et des autres et construire le projet fédéral tous ensemble. »

«Moi qui ai toujours évolué dans les organes déconcentrés, j’arrive avec du vécu, une vision de ce qui se passe sur le terrain, avec la notion de club aussi.»